Biocoop Le Pissenlit



Producteurs
de proximité #1


la ferme de la binette



Installés en 2014 sur 3,3 ha dont 1 ha environ en légumes maraîchers, le jeune couple Geneviève DE RUBEIS et Simon BARBET travaillent avec des dizaines de variétés de légumes et de fruits en multipliant les points de vente (marchés, groupements d'achats...), voyant dans le projet de magasin Biocoop une nouvelle opportunité mais aussi une réelle synergie.

Du livre à la binette


En 2004, avec un Bac L en poche, Geneviève démarrera un cursus de formation en Belgique pour devenir institutrice.
Après une complication administrative, et peu convaincue du reste par cette orientation professionnelle à la fin d'une première année, elle se décidera à prendre une autre direction. Un nouveau cursus, cette fois en environnement ; son enfance et adolescence dans la campagne vouzinoise au contact de la nature y étant probablement pour beaucoup dans ce choix.

Geneviève découvre dans ce nouveau paysage urbain, un monde associatif riche, qui questionne à jute titre cet environnement. Elle se rend alors compte de ce rapport vital à la nature, qu'elle avait laissé derrière elle dans les Ardennes. Elle participera à des tables d'hôtes végétariennes, des jardins participatifs et fera sa 1ère rencontre avec les plantes aromatiques et la traction animale.

Elle enchaînera en 2006 sur un BTS en Gestion et Protection de la Nature. C'est là sur les bancs de la Maison Familiale et Rurale, qu'elle rencontre Simon, un peu plus percheron que brave mulet. Lui, a déjà passé 2 BEP (un en conduite d'exploitation agricole, option production laitière ; l'autre en travaux paysagers) et un BTA Gestion de la Faune Sauvage. Geneviève effectue son stage dans une chèvrerie conduite en agriculture biologique en Ariège qui s'avère une révélation : elle veut devenir paysanne !

Simon et Geneviève ont alors comme projet de reprendre une chèvrerie. Parallèlement, en 2008, elle occupe son premier poste en milieu carcéral en tant que formatrice en travaux paysagers pendant un an : l'expérience est enrichissante mais éprouvante. Alors pour le plaisir, et ce, tout en poursuivant la recherche de ferme, elle suit une formation de clown en Isère, car, et c'est bien connu, les plantes ont un vrai sens de l'humour en plus d'être mélomanes ! Simon, lui, travaille comme vacher en effectuant des remplacements, et ce sera un petit bout de chou-fleur de neuf mois (et non sept comme chez les végétaux) qui les feront rentrer au bercail.
Deux années s'écoulent durant lesquelles jeunes maman-papa veillent sur leur petite plante jusqu'à ce que Geneviève ressente le manque du travail avec la Terre et se dise « pourquoi pas les légumes ? » C'est vrai ça, pourquoi pas ? Après tout, entre une chèvre et une salade, il n'y a pas un monde d'écart, simplement une perception... D'autant qu'elle avait été végétarienne pendant 5 ans. Alors c'est décidé !
Avec son compagnon, ils reprennent un corps de ferme pour y installer la petite famille et créer un grand jardin dans les 3 hectares de prairies attenants à la maison. En même temps, Geneviève devient ouvrière maraîchère aux Jardins de Bulson pour y apprendre le métier sur 2 ans. La place de surveillante qu'elle laisse revient...à Simon. Jardinage du matin au soir ! Quand elle n'est à aucun des 2 jardins, elle est en formation traction animale (non hybride, c'est l'avenir !), option permaculture et chèvrerie (on y revient !) en Belgique. En 2014, la Ferme de la Binette est officiellement créée.


Présentation des employé.es de la Binette


biocoop, une canne de plus au panier d'osier


Quand ils se sont installés, ils rêvaient de vendre leurs fruits & légumes autour de chez eux : apporter aux familles alentour les bons produits dont ils avaient besoin. Contribuant à leur échelle à alimenter un peu la vie des ruralités, qui peinent dans les logiques actuelles à trouver des résiliences dans un monde qui se rêve encore urbain. Naturellement ils souhaitent aussi accompagner d'autres maraîchers à s'installer et à en faire autant pour retisser du lien sur les territoires, autour d'une alimentation de qualité pour se mettre autour d'une bonne table. Car pour permettre à tous d'avoir accès à une bio de proximité et durable, il va falloir se retrousser les binettes, et pas qu'un peu !

Impliqués dans la distribution via les réseaux locaux, ils travaillent tous les deux sur la ferme à plein temps depuis 2017. En 2018, ils découvriront une jeune qui les interpellent : celle d'un projet de magasin Biocoop, du célèbre et historique réseau coopératif de magasins bio indépendants...
« Tiens-tiens... En voilà un biau projet d'avenir pour les Ardennes et les producteurs bio !! »
Ni une ni deux, ils rejoignent le projet de l'association de préfiguration On Pousse. Geneviève en devient l'une des administratrices et se positionne naturellement comme future sociétaire du collège des producteurs.trices, histoire de veiller au bio grain !

Ils créeront avec d'autres maraîchers.ères et arboriculteurs.trices bio ardennais une association (association Brouette et Fourchette) pour organiser une complémentarité et une mutualisation des ventes. Ensemble, ils pourront proposer une gamme de produits plus diversifiée sur une plus longue période à des magasins comme Biocoop.

symbiose certifiée...


Que l'on se lance ex-nihilo comme Geneviève et Simon ou que l'on reprenne une exploitation existante, la question de la certification peut se poser. Utile, pas utile ? ... sans compter toutes les démarches administratives, les coûts supplémentaires qui peuvent paraître pas toujours très justifiés, et puis quand on voit parfois les épandages pour des productions non labellisées « produits réalisés sous scaphandre » mais sans label...
A la Binette, la ferme n'était pas encore certifiée au cours de sa 1ère année d'existence que les pratiques respectaient déjà le cahier des charges de l'agriculture biologique ! Alors à quoi bon, si l'on sait que ce que l'on fait est sain : pour l'eau, les vers de terre, les mangeurs et les mangeuses, et les générations futures ?

Leur avis sur la question se fera comme la maturation d'un bon vin... Il évoluera à travers leurs démarches de consommation plus durable, et leurs questionnements sur comment mieux aimer la Terre. Car sur le fond, la Bio est pour eux, non pas une évidence, mais quelque chose allant de soi. Quelque chose de normal, notamment avec un enfant en bas âge à la maison. La Bio pour Geneviève et Simon, elle se consomme et se cultive. Elle se pense aussi. Elle les accompagne au quotidien : le chant des oiseaux va de soi, leur silence nettement moins. Leur rapport à la terre et à la Terre s'est établi sur la conscience d'être des individus dans un monde commun. Une philosophie qui aide aussi parfois à enclencher des processus, avec un zeste de joie et un soupçon d'esprit ludique : au lieu de prendre des résolutions individuelles à chaque révolution solaire le 31 décembre, la petite famille se lance un défi accompagné d'une bonne résolution, quitte à ce qu'elle se mette en place sur plusieurs années. Une année ils décident ensemble de ne plus faire l'achat neuf de produits en matières plastiques (question stratégique s'il en est une... lorsque l'on a des enfants), l'autre année c'est au tour de la mise en place de toilettes sèches (nettement plus complexe à mettre en oeuvre dans un appartement, il faut bien en convenir... mais pas impossible par ailleurs). Ou encore la mise en place du zéro (virgule 5) déchets... Bref, niveau résolutions annuelles, il y a - aussi - de quoi faire à la ferme de la Binette !

Toujours dans cet esprit des ami.es de la Bio, mais aussi pour un réel impact du côté opérationnel de la ferme (histoire que ce ne soit pas toujours les humains qui bossent !), ils ont planté des haies cette année. Un gage de très nombreux avantages pour les cultures, et la biodiversité qui n'en demande pas moins.

... pour une labellisation en mode global


Geneviève et Simon, comme beaucoup d'autres, se sont donc questionnés sur la légitimité du système de certification. En appui de leur décision d'avoir recours à la certification agriculture biologique, ce sont aussi des consommateurs et des consommatrices en visite sur leur ferme qui les ont aider à faire évoluer cette réflexion. Car une certification est un outil dans lesquels les consommateurs placent leur confiance et obtiennent de larges garanties quant aux conditions de production. Des garanties également pour leur santé. Ce qui rend les échanges beaucoup plus confortables et naturels pour les producteurs et productrices, les consommateurs.trices, éloignant les démons de la suspicion et du doute.
Pour Geneviève, un label bio, c'est aussi un effort collectif et un petit drapeau que l'on agite en cadence pour signifier aux français.es que l'on se bat pour améliorer la situation, de l'environnement à leur propre biologie intime. De fait, en étant labellisé, on entre dans les statistiques de la bio. On apporte sa pierre à un édifice qui nous rassure lorsque l'on entend dans les médias que la bio en France est un marché (de raison) en pleine croissance. Cela redonne des perspectives autrement plus joyeuses, et permet de s’ouvrir des opportunités dans des magasins spécialisés de la région. Alors Geneviève et Simon feront un choix pesé de franchir le pas de la certification. Mais un choix facilité, aussi, pour eux, puisqu'ils ont pu attaquer directement en bio, sans période de conversion : l'ancienne pâture n'avait reçu aucun engrais de synthèse depuis 25 ans !


La maison aux insectes dans la serre aux tomates cerises
La maison aux insectes dans la serre aux tomates cerises


quand la météo est votre patronne


Geneviève et Simon sont en maraîchage diversifié. Leurs tâches le sont tout autant. Il n'est pas vraiment possible de parler en termes d'activités hebdomadaires, mais plutôt de saisons. Et les saisons, comme dans les magasins Biocoop, ils les suivent et les respectent. Et ils ont plutôt intérêt car la cheffe ne badinne pas avec les horaires !

Mi-février, les premiers semis en pépinière ont lieu. Mars, les repiquages en serre démarrent. Mi-avril, ce sont les premiers radis et les oignons en bottes qui sont cueillis. Fin avril, les semis peuvent maintenant se faire en plein air. Les légumes de printemps s'écoulent de semaines en semaines : blettes, salades...pendant que les futurs légumes estivaux sont repiqués. Puis vient l'été. Il est temps de cueillir les légumes d'été qui ont poussé tranquillement : choux brocolis, tomates, aubergines, concombre...et les récoltes s'intensifient. A cette saison en particulier, les légumes préfèrent être cueillis à la fraîche, avant que le soleil cogne dur, surtout sur les légumes-feuilles. Et si la végétation des plantations s'épaissit, induisant taille pour certaines, celle des plantes qui n'ont pas été intentionnellement installées poussent au désherbage. Avant que l'automne ne vienne, il faut en plus semer les legumes d'hiver (chicorée, ,chou rave, radis noir, navet, mâche...). Et ce sont, du coup, les compteurs horaires qui... s'épanouissent, humm. Enfin, vous connaissez l'adage. Ensuite, ils faut laver la récolte pour qu'elle brille dans les étals et l'entreposer, avant qu'elle ne soit préparée en cagettes pour le transport et sa mise en vente.

A partir de mi-aout, au tour des légumes racines et des courges d'être engrangées. Ces légumes dits de conservation, vont pouvoir s'écouler jusque décembre. Pas plus parce que Geneviève et Simon n'emploient pas la réfrigération, et bien évidemment, point de serres chauffées non plus. Comme çà, ils ont un petit mois de répit avant de rattaquer de longues journées de dur labeur. Parce qu'il faut le dire, les semaines s’enchaînent à un rythme très soutenu avec le lundi, mardi et mercredi davantage dédiés aux travaux au jardin et le jeudi, vendredi et samedi (et parfois le dimanche), aux cueillettes et ventes.

Avant et après les ventes, ces éleveurs de légumes retournent au jardin pour désherber, semer, repiquer, tailler, observer... et trouver des subterfuges contre certains individus pas franchement gênés de ravager la production, les bougres ! Et les dames ne sont pas en reste ! Par exemple, l'altise du chou (Phyllotreta nemorum de son petit nom latin, mais aussi qualifiée de poinçonneuse des choux) y établit ses quartiers de noblesse. Petite, entre 2 et 5mm, mais vorace. Et sans se poser de question, elle vous transforme tout en passoire, surtout cette année. Alors pas d'autres choix que de lui faire barrage à l'aide de filets aux mailles très fines, ou d'arroser, ou encore de lui pointer une bonne menthe bien odorante près des narines, elle déteste ça la pinbèche !

Ce n'est que tard le soir que les jeunes maraîchers peuvent s'arrêter. Regardant un peu les étoiles qui dansent paisiblement dans ces autres mondes.


nouveaux cas de cancers (période 2005-2015)
Bettes matinales à la Ferme de la Binette

du plant au plan (comptable)


Le métier de maraîcher demande une multitude de savoirs : qu'ils soient scientifiques, mécaniques ; avec l'entretien et les petites réparations de matériels ; commerciaux ou administratifs et comptables. Les maraîchers s'occupent de tout et il ne doit pas y avoir beaucoup d'entreprises qui réclament autant compétences que dans ce métier multiséculaire !
Ils vont d'ailleurs économiser de l'énergie en diminuant le nombre de variétés, car chez eux, tout est fait à la main. Il n'y a bien que leur fidèle Someca acheté pour une (grosse) bouchée de pain qui ne fonctionne pas à la Bio. Une brave machine qui leur permet de ramener à l'abri la précieuse et lourde production. Pour le montage des serres, des amis ont aidé, ils reçoivent aussi des stagiaires de temps en temps. Tentative qui mérite d'être mentionnée, quoique infructueuse : l'apéro-désherbage... un manque de binettes peut-être ?

slow-science


Faire pousser des végétaux demandent de bons bagages scientifiques pour comprendre leurs besoins et les nombreuses intéractions du vivant. Alors si certains ont des cursus d'ingénieurs avant de revenir au champs, se passionnant notamment pour la complexité de la culture en permaculture, d'autres avancent en mode « slow-science » en revenant aux fondamentaux de celle-ci : l'observation. Une technique tellement utilisée qu'elle pourrait ne pas être prise comme telle. C'est pourtant grâce à elle que l'essentiel des agriculteurs et agricultrices travaillent. Pour nos deux maraîchers, si les bases ont été acquises au cours des nombreuses heures de formation, c'est surtout sur la théorie du quotidien qu'ils font évoluer leur travail pour une amélioration constante des résultats, mais aussi à travers de nombreux échanges avec les pairs. Petits scientifiques en plein air, ils prennent des notes, font des calculs et des essais dans un espace qu'ils considèrent comme leur laboratoire. Si leurs observations coïncident avec celles d'autres maraichers bio locaux, ils transposent la pratique à plus grande échelle. Par exemple, ils se sont aperçus que le céléri branche placé au milieu des choux repoussait la Piéride du chou. Et hop ! Les chenilles des jolis papillons blancs pourront aller se nourrir un peu plus loin...


La maison aux insectes dans la serre aux tomates cerises
La vie végétale, un univers complexe et passionnant...

nourrir son prochain


Peu de métiers ont comme local de production un décor champêtre. En échange, il demande un peu de souplesse à l'endroit du planning et pas mal de biscoteaux qui se forgent (heureusement !) avec les mois passés à travailler. Pourtant, malgré un rythme relativement intense sur certaines périodes de l'année, la vie de famille est possible : qui ne rêverait pas de pouvoir faire un peu de cerf-volant avec sa fille sur son lieu de travail ?!
Geneviève et Simon apprécient particulièrement de pouvoir organiser à leur gré l'agenda de leurs journées. Lorsque les jours deviennent froids et courts, ils en profitent pour coucher sur papier les résultats, faire des projets, s'instruire pour pouvoir les réaliser ou développer leur science de l'entreprise végétale. Après le travail du corps, celui de l'esprit en somme, s'il était possible de résumer les différentes saisons des jeunes maraîchers...

nouvelles contraintes du changement climatique


Comme tous les agriculteurs, et d'une façon générale, comme toutes les personnes travaillant avec le Vivant (mais les êtres humains aussi vivent ?!), la Ferme de la Binette n'a pas été épargnée par les sécheresses récurrentes des 4 années précédentes. Il était urgent d'améliorer le système d'arrosage et de conservation de l'eau dans le sol. Depuis le début, Geneviève et Simon paillent leurs cultures que ce soit avec du paillis organique ou plastique (réutilisable !). S'ils ont planté des haies, c'est aussi pour ombrager leur terrain et limiter l'évapo-transpiration de leurs plantes. Cette année, ils ont acheté des filets d'ombrage pour éviter les impacts des brûlures mais la météo autrement capricieuse ne les a pas contraint à les déployer.
Pour arroser plus amplement et facilement, un forage a été réalisé.

Autre impact lié à la modification du climat qui s'intensifie, le choix de variétés de légumes a été plus faible cette année, les semences étant elles aussi impactées par la sécheresse. C'est toute la filière qui doit s'adapter.
Geneviève et Simon pensent bien que l'idéal serait de faire leurs propres graines, adaptées à leurs terrains mais ils manquent de temps et de connaissances. Et tous ces changements sont chronophages surtout qu'ils ne trouvent que peu d'accompagnement technique sur le territoire. Les aides sont également très limitées pour les petites structures et restreintes à l'investissement en matériel neuf. Ils savent qu'ils continueront malrgé ces nouvelles contraintes à cultiver la terre dans le respect et l'amour, pour nourrir les gens. C'est davantage pour la Terre et l'Humanité que pour la ferme qu'ils s'inquiètent et ont mal au coeur... Face à l'urgence climatique, c'est tout le système qui va devoir changer pour redevenir compatible avec l'écosystème.

Si vous souhaitez en savoir plus sur leurs productions, retrouvez la Ferme de la Binette sur notre carte intéractive, via leur page de présentation. Vous y trouverez leur contact, ainsi que les produits que vous trouverez (bientôt) au magasin Biocoop.